L'appel d'une journaliste préparant une émission radio sur l'action féministe en ligne m'a récemment amenée à réfléchir sur ce sujet. Depuis les premières protestations contre l'AMI (Accord multilatéral sur les investissements) il y a quelques années jusqu'à la Marche mondiale des femmes en septembre 2000, on peut se demander si l'action des groupes progressistes sur la scène internationale aurait connu le même succès en l'absence de moyens efficaces et relativement peu coûteux permettant l'échange d'information et le réseautage à l'échelle internationale. Les réseaux de sites consacrés à l'action féministe ont pris une ampleur considérable ces dernières années. Le site Cybersolidaires en est un exemple.

Cybersolidaires : http://pages.infinit.net/ffranco

Ce site a beaucoup fait parler de lui sur les listes PAR-L et Netfemmes au cours des derniers mois, grâce au travail acharné (et en grande partie bénévole) de Nicole Nepton et Colette Lelièvre. Le site Web de Cybersolidaires vise à « accroître les échanges entre les femmes francophones ainsi que l'efficacité du mouvement des femmes. Depuis le 8 mars 2001, Cybersolidaires offre des actualités, des conseils technos, des sélections commentées de sites, de listes de discussion et de documents en ligne. Les internautes sont aussi orientées vers des actions. » Les responsables travaillent à mettre sur pied un projet reliant les groupes de femmes francophones parmi les plus actifs à travers le monde, notamment Famafrique et les Pénélopes. Elles souhaitent en faire un lieu d'échange et d'élaboration de revendications communes entre les femmes francophones du monde entier. C'est un projet prometteur et on peut espérer qu'il obtiendra le financement qui lui permettra de se maintenir à flot.

La section Tournée de la toile des femmes comprend non pas une liste de sites compilés pêle-mêle, mais une description des plus importants sites féministes francophones classés par région : le monde, le Canada, l'Union européenne, l'Afrique et les Caraïbes.

La section sur les Ressources utiles comprend une gamme de documents sur divers sujets, y compris les droits des femmes et les questions liées au pouvoir. On y trouve entre autres un lien vers la version électronique de la brochure Au coeur des décisions, publiée par le Conseil du statut de la femme, qui traite de la sous-représentation des femmes dans les lieux de pouvoir et de concertation locaux et régionaux.

Le site permet aussi d'atteindre La toile des femmes, qui offre une impressionnante liste d'hyperliens vers des sites féministes francophones, dont la dernière mise à jour remontait au 6 mars. La section Pouvoir et politique offre de nombreux liens sur les femmes et la politique, notamment un document sur la représentation des femmes dans les législatures provinciales et territoriales au Canada.

Au moment de publier ce bulletin, la dernière mise à jour du site datait du 18 mars 2001.

Bien sûr, le cyberféminisme n'a de sens que pour les femmes qui ont accès aux nouvelles technologies, ce qui demeure loin d'être acquis au Canada et encore moins dans le reste du monde. L'accès demeure fortement stratifié selon les mesures habituelles de l'inégalité. Pour des chiffres récents sur l'écart numérique au Canada, on peut se reférer aux sites suivants :

Enquête sociale générale 2000 de Statistique Canada : http://www.statcan.ca:80/francais/IPS/Data/56F0006XIF.htm
Cet article présente les résultats de la plus récente enquête de Statistique Canada sur l'utilisation individuelle d'Internet. Il n'apporte rien de radicalement nouveau par rapport à ce qu'on connaît déjà, sinon que l'écart numérique entre les femmes et les hommes a encore diminué : 50 p. cent des femmes ont utilisé Internet en 2000 contre 56 p. cent des hommes. Quand on parle de cyberféminisme, il est utile de se rappeler qu'une femme sur deux n'a pas utilisé les nouvelles technologies au cours de la dernière année au Canada.

CEFRIO : http://www.infometre.cefrio.qc.ca/
Le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) a une orientation nettement plus commerciale, mais il fournit des statistiques à jour tirées de nombreuses enquêtes sur l'utilisation des nouvelles technologies au Canada, au Québec et dans le monde. Les statistiques sont axées sur les besoins des entreprises et elles ne sont pas toujours désagrégées selon le sexe, mais le CEFRIO demeure une bonne source d'accès à un grand nombre d'enquêtes récentes.

Bibliobranchée de PAR-L : http://www.unb.ca/par-l/communication_electronique.htm
Cette page contient des liens vers des documents de recherche sur les femmes, les médias et les nouvelles technologies, notamment la bibliographie annotée de Florence Millerand sur les femmes et les TIC et le rapport préparé dans le cadre du projet Internet au féminin sur l'utilisation des nouvelles technologies par les groupes de femmes au Québec.

Studio XX : http://www.studioxx.org/
Finalement, pour se secouer les neurones et briser la routine quand l'hiver n'en finit plus de finir, on peut visiter l'exposition de cyberart présentée par les Htmelles (ordinateurs trop lents s'abstenir!). J'ai été particulièrement touchée par l'installation de Pat Binder (Voices from Ravensbrueck) qui présente des poèmes écrits par des femmes dans les camps de concentration.