CHRONIQUE INTERNET
par Michèle Ollivier
L'information féministe
Après plusieurs années d'optimisme débridé annonçant l'avènement, grâce à Internet,
d'un monde plus égalitaire, démocratique et participatif, il a bien fallu déchanter.
Si la publication sur le Web permet de contourner certaines limites de l'imprimé
et rend plus immédiatement accessibles de nombreux documents, le maintien de sites Web
exige tout de même l'investissement de ressources considérables en temps et en argent.
Il n'est donc pas étonnant que les sites les plus fréquentés demeurent ceux des
organismes de diffusion de l'information qui disposent déjà, dans la « vraie vie »,
des moyens les plus impressionnants. Dans une situation de crise comme celle du 11 septembre,
ce sont les sites « officiels » qui ont connu la plus forte hausse de fréquentation
(voir Les Chroniques de Cybérie, 23 octobre 2001, en ligne à
http://cyberie.qc.ca/chronik). Pour une transformation radicale des rapports de
pouvoir dans les médias, il faudra repasser. Les sites de nombreuses organisations
féministes offrent néanmoins accès, avec très peu de moyens, à des informations et à des
perspectives qui sont trop souvent absentes des médias grand public.
Par exemple, le discours de Sunera Thobani à la conférence « La résistance
des femmes, de la victimisation à la criminalisation », tenue le 1er octobre
2001 à Ottawa, a fait couler beaucoup d'encre, surtout au Canada anglais, où les chroniqueurs
de la mouvance conservatrice en ont profité pour mener des attaques en règle contre « le
féminisme » en général. Une discussion très intéressante a eu lieu à ce sujet sur le
forum de discussion PAR-L. Cette discussion a présenté une véritable réflexion féministe,
à partir de positions appuyant ou critiquant le discours. On y a parlé de liberté
d'expression, de points de vue masculins et féminins, de pensée rationnelle et de
« l'émotivité » des femmes. On a aussi pu constater à quel point des citations
prises hors contexte peuvent fausser un débat. On peut consulter les archives de la
discussion à l'adresse suivante :
http://listserv.unb.ca/archives/par-l.html. Le texte intégral de l'allocution de Sunera
Thobani est disponible dans la section Questions et débats du site de l'Association
canadienne des centres contre le viol (
http://www.casac.ca/French_Pages/frenhome.htm). Ce site offre également des liens vers
plusieurs documents se rapportant sur cette question, surtout des articles de journaux
de droite comme de gauche, en anglais et en français. On peut lire la réponse de Thobani
sur le site Cybersolidaires à
http://www.cybersolidaires.org/actus/sunera.html.
J'ai également visité quelques sites d'organisations féministes actives en matière de
politiques publiques touchant les femmes afin de vérifier quel genre de documents elles
offrent en ligne.
La Fédération des femmes du Québec (FFQ) défend depuis 1966 l'accès des femmes à
l'égalité, à l'équité et à la justice dans tous les domaines. Son site Web (
http://www.ffq.qc.ca/ffq.html) offre quelques documents intéressants, notamment son
bulletin Le féminisme en bref, ses communiqués de presse et des mémoires.
Ces documents sont tous disponibles en ligne sans frais. Les plus récents mémoires
datent par contre de 1998 et portent sur les clauses orphelin, l'aide sociale, la réforme
de la sécurité du revenu et l'immigration.
Le Comité canadien d'action sur le statut de la femme (CAA) se présente comme
« l'organisation féministe la plus importante au Canada », avec plus de 700
groupes membres regroupés sous sa bannière. En naviguant sur le site (
http://www.nac-cca.ca/), on a par moments l'impression de déambuler dans un chantier
puisque plusieurs pages sont « en construction». Le site présente aussi une
liste de publications, qui ne sont malheureusement pas offertes en ligne mais qu'on
peut commander pour des prix très modiques (2,00 $ en moyenne). Il existe peu de matériel
récent mais parmi les documents de l'année 1999 à maintenant, mentionnons : « Women's
Equality Rights And Trade In The Americas - Opportunity Or Oppression? », rédigé par
le comité de solidarité internationale du CAA (October 1999); « Gender and Trade:
The Myths And The Facts », une présentation au comité de la chambre des Communes
sur le commerce international rédigée par le comité de solidarité internationale avec
la collaboration de Shelagh Day (April 1999).
L'Association nationale de la femme et du droit (ANFD) est une organisation
féministe canadienne à but non lucratif qui travaille depuis 1974 à l'amélioration
du statut juridique des femmes du pays en exigeant des réformes législatives. Son site
Web (http://www.nawl.ca/) contient une liste de
nombreuses publications, principalement en anglais, sur des sujets comme la justice
criminelle, la garde des enfants, le travail, les droits humains, la loi de la famille,
les femmes et le système judiciaire, la santé et les questions de reproduction,
l'immigration, la sécurité du revenu et la violence. La plupart de ces publications
ne sont malheureusement pas directement disponibles en ligne, mais on peut les commander
à des prix variant de 5 à 10 $. Les seuls documents que l'on peut consulter en ligne
sont les mémoires de l'Association à divers comités législatifs. Ces mémoire touchent
notamment les droits des lesbiennes, la garde des enfants et la défense de provocation
dans les cas de violence.
En terminant, il faut mentionner l'excellent Répertoire Internet des femmes canadiennes
(http://repertoire.womenspace.ca/), que
l'on trouve sur le site du groupe WomenSpace et qui vient d'être entièrement
remis à jour. Ce répertoire offre plus de 900 liens, classés en catégories, vers des
organisations de femmes au Canada et ailleurs. La section Sports, par exemple, comprend
des liens vers l'Association des femmes motocyclistes du Québec et vers le Groupe de
travail international sur les femmes et le sport. Celle sur la le genre et la sexualité
comprend plusieurs sous-catégories et offre des liens aussi bien au site The-clitoris.com
qu'à celui des Africaines contre l'excision. La section Femmes en politique compte
neuf liens, notamment au site « La démocratie par le partenariat entre hommes et
femmes », de l'Union interparlementaire, qui « offre une base de données
bibliographiques sur les femmes en politique, une chronologie mondiale de la reconnaissance
aux femmes des droits de voter et d'être candidates, des informations sur les
femmes dans les parlements nationaux, les femmes politiques dans les médias et les
instruments du droit international concernant les femmes. »
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